Crématorium party suite et fin

Comme un certain lecteur me l'a demandé sournoisement (si si sournoisement !), j'ai été assisté à la messe. Je vous plante le tableau.
Après un départ à 6 heures du matin, nous voici arrivé dans ce port-ville qui eu ses jours de gloire mais qui depuis décline. La tempête fait rage, rafales de pluie et vent violent. Melle Ma Soeur La Bourgeoise La Vie Réussie et moi-même décidons d'attendre l'arrivée du cercueil dans un café-pmu situé juste à côté de l'église. celle-ci étant par ailleurs une espèce de tour froide et laide, digne d'un roman de monstres et sorcières.

Ah le bar-pmu...tout un poème....des gens déjà alcoolisés à cette heure matinale, une grande arrière-salle pour accueillir des repas, le plus souvent après un enterrement comme le veut la tradition. Tout ceci dans un décorum digne des années 50...Heureusement, nous nous moquons, attitude salutaire s'il en est dans ce cadre.
Puis vient le temps de la messe, d'embrasser cette famille éloignée de pauvres d'esprit (je vous le démontrerai plus loin). le prêtre est un bon pépère, quia ssisté de son diacre, réussit à réaliser une messe plutôt "sympathique" sans trop de "bienvenue chez les morts, bienvenue au Paradis, assieds-toi là près du Père"...
Et après ? la collation traditionnelle, réservée aux proches : du café (ah, tu prends du thé ?), des brioches au jambon, du gateau du coin (bourratif à souhait), du vin rouge dès 11 heures (certains s'en lèchent d'ailleurs les babines)....

Mais le plus incroyable est cette tension, palpable depuis notre arrivée. Au décès de cette grande-tante sont arrivés les Gueux et les Gueuses. Ceux qui attendent qu'elle crève, depuis des années, pour espérer empocher un magot fantomatique. Pensez-donc, une ex-ouvrière de conserveries de poisson, en retraite pour invalidité, ayant eu à sa charge son frère handicapé et vivant en HLMeuh...Certain, il y a forcément un trésor ! Ils en sont si persuadés qu'avant même l'arrivée du cercueil de la défunte chez elle, avant l'enterrement, ils ont commencé à fouiller dans les armoires, à jeter par terre des piles de drap, à la recherche d'une grosse enveloppe....Mais ils ne s'arrêtent pas là : ils se disputent en même temps les quelques vieilleries qui meublent son logis. "A qui revient cette armoire ? qui prend la machine à laver ? ben moi je prends la salle à manger"
Mr Mon Papa est atterré : il fait le médiateur entre ces gens que tout oppose sauf une chose : leur misière intellectuelle et sociale, leur manque d'éducation, leur absence de respect
On nous propose même de venir récupérer des objets si "quelque chose vous fait envie" chez cette grande-tante à peine trépassée

Un sentiment ? la gerbe, la nausée, la honte de devoir fréquenter ne serait-ce que pour quelques heures ces affamés de biens d'une autre, morte de surcroît depuis moins de deux jours

Mr Mon Papa ne se sent pas bien, je le rassure, Melle Ma soeur aussi : on lui recommande de tenir le choc, encore une journée, ensuite il n'entendra plus jamais parler d'eux et d'elles...mais il ressasse, il se brainstorme le cerveau, alors nous répétons inlassablement que face à la connerie humaine, à l'indigence intellectuelle, aux charognards, NOUS sommes désarmés...

Après le crématorium, nous disons au revoir à ces êtres "humains", "oui oui on se reverra dans une circonstance plus joyeuse..." ; il aurait peut-être fallu le leur traduire par un "si je dois te revoir un jour, je préfère me couper une jambe"
ADIEU

Mr 3
Prolixe, c'est pas un ex ?